Les différents partenaires du Front de Gauche ont rendu public hier mardi un nouveau texte d’orientation qui définit son ambition des prochains mois et trace de premières perspectives pour 2014. A Limoges, une conférence de presse a réuni à ce sujet le PCF (Francis Dauliac), Jean-Pierre Normand (PG), Nicolas Lavergne (ADS), Stéphane Lajaumont (GA).
«Face à la crise, une course de vitesse est engagée entre deux types de réponses possibles : l’une démocratique et solidaire et l’autre autoritaire et porteuse de profondes régressions sociales. (…) Nous avons donc un rôle historique : rassembler pour construire une alternative de gauche rompant avec les logiques libérales et sociales-libérales.» Telle est l’ambition affichée par le Front de gauche dans le texte d’orientation que sa coordination a adopté la semaine dernière et qui a fait l’objet d’un «accord unanime» des membres de son conseil national, aux côtés d’un second volet sur le développement du mouvement (voir ci-dessous). Après le texte stratégique d’avril 2011, cette nouvelle mouture rendue publique hier, a vocation à « apporter des éléments de réponse » pour aborder « une nouvelle étape » du mouvement. Tirant les enseignements de la dernière période, de «la campagne inédite qui a rendu possible la défaite de Sarkozy» à la «politique sociale-libérale assumée» du gouvernement, le Front de gauche fixe son cap. «Nous n’attendrons pas 2017», affirme-t-il, se voulant capable de « faire la démonstration qu’une politique alternative à l’austérité est possible à gauche et qu’elle peut être majoritaire », dans l’esprit de sa campagne lancée à Metz la semaine dernière.
Considérant, comme déjà à de multiples reprises, que « la politique du gouvernement Ayrault conduit à l’échec » et refusant de se résigner « à ce que la droite extrémisée, voire l’extrême droite, représentent à terme l’alternative », le Front de gauche « entend, dans les mobilisations et les élections à venir, œuvrer à des solutions de gauche immédiates face à la crise, et à la construction d’une politique et d’une majorité alternatives ». Ambitionnant de devenir « un front du peuple », il compte ainsi s’adresser « à toutes celles et ceux qui, à gauche, quelles que soient leur préférence et leur appartenance politique, veulent agir et ne se retrouvent pas dans les choix d’austérité » au travers de différents « rendez-vous » qui jalonneront son activité des prochains mois (voir encadré).
Quant aux échéances électorales de 2014, elles «feront l’objet d’un débat spécifique». Cependant, le texte affirme l’objectif d’être « à l’offensive » aux municipales, d’y faire échec à la droite et à l’extrême droite tout en en faisant « des points d’appui pour refuser la logique d’austérité ». Une première réunion devrait avoir lieu au printemps sur le contenu programmatique de cette campagne, tandis que la discussion sur « les formes concrètes des rassemblements » devrait « s’engager sans tarder ». L’élection européenne y est également considérée comme un rendez-vous essentiel, pour lequel l’objectif est de « bousculer le rapport de forces à gauche en notre faveur ».
Une structure pérenne, à la fois ouverte et souple
Des cadres» et des «instances» pour se «coordonner», «prendre des décisions» et les «mettre en application». Les composantes du Front de gauche proposent de se doter de « formes d’organisation pérennes à la fois ouvertes, souples », complétant les structures permanentes déjà créées « pour permettre davantage d’implication citoyenne ».
Hier, simultanément au texte sur la stratégie, un second document a été rendu public sur son « fonctionnement » et son « développement ». Car « si le Front de gauche n’est pas un parti, ce n’est plus seulement une alliance électorale, il s’agit donc d’un mouvement, d’une force politique qui se veut l’outil d’une dynamique populaire », explique le texte. Tout en se proposant de « poursuivre » les « trois exigences » qui ont jusque-là présidé au « développement du Front de gauche » (une « orientation stratégique (…) décidée et acceptée par toutes les composantes », des méthodes « souples et non contraignantes » et la prise d’« initiatives communes »), le document passe en revue les différents outils organisationnels du rassemblement, en proposant de les faire évoluer.
Ainsi des assemblées citoyennes, « essentielles » au « développement et (à) l’élargissement du Front de gauche » et qui sont « à la fois des lieux de discussion, d’élaboration et d’action ». « C’est à partir de leur développement que l’on pourra multiplier l’implication citoyenne », souligne le texte, qui appelle à les « développer partout : dans les localités, les lieux de travail », sans privilégier « aucune forme », associative ou autre.
Le développement des « fronts thématiques » locaux est également encouragé comme autant de lieux « d’élaboration programmatique » et « d’actions » pour « élargir le Front de gauche ». Quant au Front des luttes, outil « d’intervention du Front de gauche au service des salariés », il est doté d’« un rôle consultatif et propositionnel ».
Le conseil national né avec la campagne présidentielle et législative est, lui, confirmé dans son rôle « d’initiative, consultatif et propositionnel », et devra être « élargi » et « diversifié » dans sa composition. La coordination nationale, constituée de « représentants des composantes politiques du Front de gauche », devant pour sa part rester « l’instance exécutive et, en dernière instance, décisionnelle », est-il encore indiqué. Pour mettre en œuvre les décisions prises, un secrétariat « composé d’un membre par composante du Front de gauche » sera créé. Enfin, un « protocole financier » sera établi suivant une « clé de répartition pérenne entre les neuf composantes » pour les dépenses dues à l’activité du Front de gauche.
Le texte affirme également que des « forums » pourraient être organisés avec d’autres forces pour rallier des majorités sur des thèmes définis (propositions de loi, lutte contre l’austérité…).